Nouvelles pros
4- Aller et retour en Écotopia
Il y a des moments où on se sent tout petits et des moments où tout nous paraît possible. C’est une expérience qui a mixé les deux que je veux partager avec vous aujourd’hui.
Vendredi dernier, Marion Allet fait appel à des volontaires pour un aller-retour en Écotopia. Mon côté globe-trotter se réveille et m’invite à prendre part à l’aventure.
Nous embarquons dans une Topi-Capsule
Suivant ses instructions, j’entre dans une salle sobre, équipée de quelques tables et chaises, d’un écran qui occupe un mur étroit, du plafond jusqu’au sol. Marion nous accueille avec un sourire charmant, puis – les volontaires étant nombreux – nous propose de créer des équipes. Le hasard m’associe avec Cécile, Stéphanie et Pierre. Nous nous présentons rapidement, découvrant que nous avons tous des super-pouvoirs complémentaires : Cécile est l’hyper-adaptable de la bande ; Stéphanie a une intuition puissante qui agite chacune de ses cellules ; Pierre, féru de théâtre, peut se glisser dans la peau de n’importe qui ; quant à moi, je suis moi et je devine, en écoutant le but de notre mission, que mon goût pour la découverte et la création de nouveaux univers vont être bigrement utiles pour la suite.
Car, croyez-le ou non, nous venons d’embarquer dans des Topi-Capsules qui vont nous permettre de voyager dans l’espace-temps, pour vivre quelques minutes en Écotopia.
Marion nous montre une image des lieux. MA-GIQUE !
Notre monde, mais pas tout à fait.
Notre société, mais pas tout à fait.
Nos règles du jeu ? Probablement pas. Ou plutôt une seule règle : être ouvert d’esprit et faire part de toutes les idées qui nous passent par la tête, sans freins, sans préjugements et avec le sourire. Voilà LA conclusion des recherches qui ont été menées par l’équipe de Marion. Le seul prérequis qui ouvre les portails vers le monde d’Écotopia.
La règle étant posée, nous voilà prêts pour l’aventure, mi anxieux mi enthousiastes à l’approche de ce que nous allons vivre.
Aparté
Peut-être vous demandez-vous comment démarrer et piloter une Topi-Capsule ? C’est une bonne question. Je n’ai plus tout le protocole en tête et j’avoue que les émotions du moment ont quelque peu troublé ma mémoire. Les fous de processus me pardonneront, j’espère. J’ai retenu cependant quelques étapes-clés.
D’abord, il est important de former un cercle. Symbole de vie, d’unité, de cycles ou d’éternité (je ne sais même plus si le sujet a été abordé). Un cercle plein de sens, en tout cas.
Ensuite, nous avons tous tenu un rôle spécifique. Le moment était important. Car chacun agissait individuellement ET en groupe. Une sorte de paradoxe, expérimenté en vrai. Chacun exprimait par un geste et une parole ce qui était de l’ordre de son identité, tout en restant en rythme avec les autres. Un mélange de chaos ET d’harmonie. D’expression de soi ET d’écoute active. Étrange ET grisant.
Enfin, sur l’instruction de Marion, tout s’est accéléré pour devenir un peu fou et – PAM ! – nos capsules partaient et atterrissaient en Écotopia.
Nous découvrons Écotopia
Écotopia s’offre à notre regard. D’abord en mots, en valeurs, en espoirs. Puis en images et en couleurs. Enfin, en textures et en objets. Un voyage qui me fait penser un peu à ses héros qui regardent La Matrice (du film éponyme) et qui, à force d’attention et de détermination, VOIENT = ils trouvent la clé pour construire tout l’univers qui va avec. Dès notre arrivée, c’est exactement ce qui se passe : nos cerveaux cliquent, s’associent et nous peignons, sans hésitations, le monde qui se présente à nous.
Écotopia. Un lieu où notre société humaine a trouvé les clés pour bâtir des entreprises-coopératives microlocalisées et complémentaires et des modèles d’interactions sociales riches et robustes. Un espace-temps où les meilleures idées sont systématiquement mises en actions. Un rêve qui, tout à coup, semble à notre portée.
Nous avons 20 minutes pour échanger avec l’Écotopien qui va ouvrir la porte de notre capsule. 20 minutes pour apprendre et ramener avec nous l’essentiel de ce futur auquel nous aspirons tous les quatre.
Nous nous émerveillons du génie collaboratif et adaptatif qui colore tout
La capsule se dépressurise avec un souffle qui ressemble à un soupir. C’est le moment où je réalise que j’expire dans le même temps et inspire pour me remplir de courage. Avec une mine avenante, Pierre accueille… Pépin-Pomme.
Pépin-Pomme est une Écotopienne, qui, comme elle le dit avec humour, a « trente-quatre ans et toutes ses dents ». Des dents qu’elle laisse voir avec un sourire mégawatt, qui ponctue chacune de ses phrases. Mariée, mère de deux enfants, elle est grande et finement musclée, peut-être blonde. Difficile à dire avec sa coupe en pic-pic, méchées de 5 couleurs.
Nos questions fusent. Elle répond avec simplicité et authenticité. Après tout, les quatre valeurs de sa ville sont Partage, Entraide, Respect et Nature. Quatre lettres qui, à elles seules, permettent d’écrire le mot PÉRENNE. Le ton est donné.
Ingénieure en charge du Vol-au-Vent, elle nous présente le bâtiment principal et son quartier circulaire. Comme me le fait remarquer Cécile, tout est agencé autour de la tour, qui est à mi-chemin entre un phare en haut de son îlot d’activités et un moulin à vent aux ailes étincelantes. Pépin-Pomme confirme ce soin de choisir et d’adapter les activités entre elles et nous propose de visiter chaque partie de son univers et leurs fonctionnalités.
Au sous-sol, une chenille à aubes lui permet de tirer l’énergie de la rivière, soit pour produire de l’électricité quand le ciel est tempétueux, soit pour faire tourner deux grandes meules qui produisent les huiles de pépins de raisin et les farines des meuniers (c’est cette connexion aux producteurs de gâteaux et autres gourmandises qui a permis de baptiser son édifice).
Au rez-de-chaussée, une grande salle sert pour les échanges intercommunautaires de tous ceux qui dépendent du Vol-au-Vent. Sa base large accueille les fours pour faire cuire les pâtisseries, biscuits et pains ; un garde-manger de belle taille ; les ateliers de réparation des outillages et machines ; une salle de formation continue et un grand salon de convivialité (qui profitent de la chaleur des fours quand le froid est là). C’est là que nous manquons de perdre Pierre qui sympathise avec tout le monde. Heureusement, Pépin-Pomme nous dit le nom de son métier et cela capte son attention. Car Pépin-Pomme est « Gardienne-Du-Vent ». Il y a quelque chose qui tient des aventures du Petit Prince dans ce nom. Quelque chose de plus fou, de plus inspirant et de plus révélateur que le terme « ingénieure » en tout cas.
Tout en nous faisant découvrir le premier étage, où se trouve son habitation, Pépin-Pomme nous explique qu’elle a l’obligation d’être sur place et d’assurer le bon fonctionnement de l’ensemble. Son mari, fan d’aérologie et de météo, est aussi un maillon indispensable de leur quartier, conseillant son épouse pour la configuration opérationnelle du Vol-au-Vent et épaulant tous les autres métiers qui vivent, travaillent et cultivent autour de la structure.
Nous admirons les alliances astucieuses de métal, de bois et de pierres qui semblent interconnectées avec la verdure, une verdure qui couvre l’extérieur du bâtiment et s’invite en fleurs à la bordure des deux larges fenêtres. Stéphanie prend l’initiative d’en ramener quelques feuilles d’un vert profond, dont nous nous servirons plus tard.
Mais avant que nous ne palabrions sur les espèces de nos propres murs de verdure, Pépin-Pomme nous hâte vers le clou du spectacle : nous montons dans la partie la plus haute, celle qui fait penser à un moulin.
Le regard brillant et le rose aux joues, Pépin-Pomme nous parle des ailes du Vol-au-Vent. À géométrie variable, elles peuvent à la fois capter l’énergie éolienne et l’énergie solaire. « Les réglages sont complexes, mais valent tellement le coup », nous dit-elle. Pour sûr ! Le bâtiment alimente effectivement les habitations et les zones d’activité de tout son quartier, améliorant la vie de tous ses habitants.
J’admire les voiles souples et orientables, leur effet miroir étincelant et me sens transportée vers les aéronefs de la Planète aux Trésors (dont j’ai vu un exemplaire sur les étagères de ses enfants). Nous n’aurons pas le temps de demander d’où les Écotopiens ont tiré et tirent leurs concepts… Mais ce ne serait pas la première fois que la littérature de science-fiction inspire l’un ou l’autre inventeur génial.
Depuis une plateforme sécurisée, Pépin-Pomme nous montre, pour conclure, la structure de la ville, avec ses tours d’énergie qui sont autant d’îlots de vie collaborative, interconnectés avec une harmonieuse poésie. Elle sourit avec fierté en nous montrant la tour des Quatre-Vents ou celle de Fend-Le-Vent qui sont dédiées aux moyens de transport. Mais le temps nous manque pour explorer plus avant. Elle conclut avec une petite ritournelle que fredonnent les Gardiens : « En dessous de nous, tout vit, tout bruit et c’est vraiment joli. »
Et nous sommes bien d’accord avec ces mots. Avec une règle de conception qui se dessine :
Ici, rien n’est laissé au hasard.
Et, pourtant, tout reste possible.
Et nous repartons les mains et les cœurs remplis…
Sur le chemin du retour, Pépin-Pomme nous remplit les mains d’objets de son royaume. Nous remontons dans la Topi-Capsule, les yeux brillants de gratitude et les cœurs gonflés d’espoir.
Quelques secondes plus tard, la faille spatio-temporelle se referme et Marion nous accueille. Elle nous demande aussitôt de raconter notre aventure. Avec les brics et les brocs récupérés, Cécile, Stéphanie, Pierre et moi reconstruisons le Vol-au-Vent et son quartier, pour illustrer notre récit (voir la photo). Et notre découverte fait briller ses yeux, aussi fort que les nôtres.
La voilà encore plus motivée pour continuer l’étude d’Écotopia et programmer d’autres explorations en Topi-Capsules.
Voudriez-vous en être ?
Voudriez-vous, vous aussi, aller à la découverte d’Écotopia et de ses merveilles ?
Personnellement, je vous assure que le voyage est un vrai booster de créativité et d’innovation (voire d’inventivité).
Plus encore, j’en suis revenue avec une volonté enthousiaste et une question : « Comment je fais pour faire un pas vers ce monde-là, dès aujourd’hui ? ». Dans mon quotidien. Dans mon activité. Dans mes univers à moi.
Mes acolytes ont adoré aussi et je les ai sentis tout aussi fébriles d’aller de l’avant, autrement.
Alors si vous aussi, vous voulez revenir le cœur et les mains pleins d’idées… d’espoirs… d’envies… pour aller vers des changements essentiels et robustes, tentez l’aventure.
Le voyage en Écotopia, comme tous les voyages pédagogiques basés sur l’imaginaire, stimule plusieurs de nos intelligences.
Et le monde a besoin de TOUTES nos intelligences.
Alors chaussez vos baskets et osez pousser la porte de ces expériences qui ouvrent les yeux, créent de nouvelles connexions et font battre les cœurs.
Caroline
Mentor tout chemin
y compris ceux d’Écotopia
PS : Cette histoire n’est pas sponsorisée. Je partage, vous inspire et vous invite. À vous d’en retenir l’essentiel pour vous. Un moment d’évasion possible. Une méthode d’intelligence collective puissante. Un pas à pas vers un changement plein de sens. Un lien vers mes autres nouvelles pros.
PPS : Et comme toujours, on en parle quand vous voulez. En MP. En commentaires. Pendant les Mugs des Passionnés. Moi, je garde les baskets aux pieds et j’aurai plaisir à vous retrouver, sur les chemins de votre réussite.
Quel bonheur de te lire ! Ces 20 minutes de voyage sont tellement bien retranscrites ! Tu as trouvé les mots justes pour faire revivre l instant. Merci Caroline. Stéphanie
Et merci à toi d’avoir participé et d’avoir été une acolyte de choc… parce que l’aventure a été courte et intense et il était vraiment primordial que chacun apporte de quoi faire germer cette graine-écotopienne de créativité. Au plaisir d’une prochaine aventure ensemble.
Bonjour
Je suis un des voyageur du temps, j’ai eu la chance de rencontrer pépin pomme. Je souhaitais vous remercier pour ce beau récit et surtout pour ce voyage et pour cette expérience qui nous a permis de nous évader, de stimuler en un temps record notre imaginaire.
Merci
Pierre
Hé hé ! Merci d’avoir laissé un message, Pierre. Et merci pour le merci ! Notre aventure écotopienne méritait bien une courte histoire et un partage plus large. Pépin-Pomme était une jeune femme inspirante, exceptionnelle même, qui nous a appris beaucoup en 20 petites minutes.
Au plaisir d’une future aventure ensemble, en Écotopie ou chez GERME.